Artériopathie oblitérante des membres inférieurs
A quoi correspond cette pathologie ?
L'artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) correspond à une atteinte des artères des membres inférieurs.
L’athérosclérose peut toucher l’ensemble des artères de l’organisme :
- les coronaires (artères du coeur) alors responsable d’un infarctus,
- les carotides (artères du cou) alors responsable d’un accident vasculaire cérébral.
- l’aorte et les artères des membres inférieurs alors responsable de douleurs au niveau des jambes à l’effort ou de plaies.
La maladie athéromateuse cardio-vasculaire est la première cause de mortalité en France avant le cancer.
L’athérosclérose est la conséquence de l’atteinte de la paroi artérielle. La paroi de l’artère s’épaissit réduisant le calibre de la lumière circulante.
Dans l’artériopathie des membres inférieurs, l’obstruction est progressive conduisant à une sténose ou à une oblitération complète (thrombose).
La longueur de la lésion peut être variable.
Cette sténose est favorisée par les facteurs de risque cardio-vasculaires : tabac, HTA, surpoids, diabète, dyslipidémie, sexe masculin et âge.
Les artères des membres inférieurs irriguent le membre inférieur des muscles fessiers jusqu’aux pieds.
Quels sont les signes de cette pathologie ?
L’artériopathie des membres inférieurs est responsable d’une diminution de l’arrivée du sang artériel dans les membres inférieurs.
La maladie peut être d’évolution plus ou moins rapide. Au début l’AOMI peut être silencieuse si les artères collatérales secondaires se sont développées afin d’assurer une vascularisation suffisante.
A un stade plus évolué, les signes peuvent se manifester à l’effort. Lorsque les muscles fournissent un effort, leurs besoins en oxygène sont augmentés. En cas de diminution de l’afflux sanguin, ces apports ne peuvent pas être suffisants. Les muscles souffrent et deviennent alors douloureux (douleur à type de crampe). A l’arrêt de l’effort, les douleurs cessent. Le périmètre de marche (distance à laquelle apparait la douleur), est plus ou moins réduit en fonction de la gravité de l’AOMI.
Le manque d’apport sanguin peut être tel que les tissus souffrent en permanence même au repos. On parle alors d’ischémie critique. Des douleurs nocturnes peuvent alors apparaitre car lorsque le membre inférieur est allongé, le sang à des difficultés à arriver jusqu’aux orteils. Le patient dort alors jambes pendantes pour améliorer la vascularisation distale et atténuer les douleurs. Le risque évolutif est l’apparition de plaies (troubles trophiques). Ces plaies peuvent apparaitre suite à un traumatisme (écorchure, port de chaussures serrées) ou bien spontanément. En raison de l’absence de vascularisation satisfaisante des tissus atteints, la plaie ne peut pas cicatriser et met en péril le membre. Le risque d’amputation est alors élevé en l’absence de revascularisation rapide.
Comment traiter l'AOMI ?
C’est le caractère invalidant de l’AOMI et son retentissement dans la vie quotidienne qui va conditionner la prise en charge.
1. Quelques règles d’hygiène de vie et diététiques vous seront rappelées. Leur respect est essentiel et conditionne l’évolution de votre pathologie. La correction des facteurs de risques cardio-vasculaires est la première mesure.
- Le sevrage tabagique doit être total. Il va potentialiser le développement de la collatéralité et conditionner la perméabilité d’un éventuel geste de revascularisation.
- La pratique quotidienne de la marche est indispensable (30 à 60 min par jour).
- Respect des règles diététiques: limiter l’apport de graisses et de sucres
- Prise quotidienne des traitements prescrits
2. Le traitement médical sera vérifié, modifié ou débuté afin de stabiliser la pathologie et éviter son aggravation. Il comprendra :
- Un anti-agréant plaquettaire (Aspirine à faible dose ou Clopidogrel)
- Equilibration de la tension artérielle: prise des traitements pour l’HTA (objectif TAs<140 mmHg)
- Médicaments pour le cholestérol ( statines ou similaires)
Ces traitement sont à maintenir au long cours (sauf arrêt sur indication médical).
Ils permettront de fluidifier le sang afin qu’il ne caillote pas sur les parois artérielles irrégulières et épaissies.
3. Selon l’étendue des lésions et leur localisation, un traitement chirurgical peut être envisagé soit en chirurgie ouverte soit par voie endovasculaire.
Il existe 3 principales techniques pour opérer les artères des membres inférieurs:
- traitement endoluminal (en passant par l’intérieur des vaisseaux) qui consiste en une dilatation ( angioplastie ) de l’artère avec éventuellement mise en place d’un stent.
- endartériectomie qui consiste a désobstruer l’intérieur de l’artère rétrécie. Cette technique est réalisée lorsque la zone concernée touche un site localisé. La circulation est interrompue (clampage) le temps de retirer la plaque de la paroi artérielle. L’artère est ensuite refermée sur un patch de tissu prothétique.
- pontage : dérivation permettant de court circuiter les lésions entre l’artère perméable au dessus et l’artère perméable en dessous des lésions.
- traitement endovasculaire : technique moins invasive mais pas toujours possible. Elle consiste à ponctionner l’artère au pli de l’aine (l’artère fémorale) pour aller travailler sur le site artériel atteint (soit en remontant pour l’artère iliaque, soit en descendant pour les artères de la cuisse et de la jambe). Après avoir franchi la lésion, nous sommes amenés dans la majorité des cas à mettre en place un stent afin de modeler l’artère au bon calibre. Cette procédure se fait sous contrôle radiologique.
Quelles sont les suites de l'intervention ?
Les suites dépendront du terrain (présence de troubles trophiques) et du type de chirurgie choisie. (Voir fiches de consignes spécifiques à chaque intervention)
Une consultation post-opératoire est indispensable afin d’évaluer la cicatrisation et l’efficacité de la revascularisation.
Un écho Doppler vous sera prescrit afin d’étudier les flux artériels.
Un suivi régulier sera par la suite nécessaire. Le rythme et la fréquence dépendront du geste réalisé et de la sévérité de la pathologie.
Dans tous les cas, un traitement médical et la pratique de la marche sont indispensables.